Qu'est ce que cela doit-être beau de voyager ! Beaucoup d'Argentins me le disent, ceux qui n'ont pas eu la chance de le faire avant la crise de 2001. C'est d'ailleurs injuste, dans une même famille, les Argentins trentenaires ont parcouru parfois l'Europe entière quand leur peso équivalait alors à un dollar, tandis que leurs petits frères ou petites soeurs nés dans les années 80 sont allés au mieux en Uruguay et ne sont pas près d'aller beaucoup plus loin dans les années à venir...
Quand on me demande où j'ai voyagé avant de vivre ici, j'en suis gênée. Comment leur expliquer la chance que nous avons nous, les Européens, les Occidentaux du primer mundo comme ils nous appellent, toutes ces facilités qui nous semblent si acquises et si "normales": X semaines de congés payés, RTT parfois, euros dans tous les cas, billets d'avion bon marché... Mais là n'est pas mon propos ce soir. Je voulais vous raconter une belle rencontre, une de celles qui me font penser que je suis où je dois être, que Buenos Aires n'a pas fini de me surprendre et de m'émouvoir.
Quand on me demande où j'ai voyagé avant de vivre ici, j'en suis gênée. Comment leur expliquer la chance que nous avons nous, les Européens, les Occidentaux du primer mundo comme ils nous appellent, toutes ces facilités qui nous semblent si acquises et si "normales": X semaines de congés payés, RTT parfois, euros dans tous les cas, billets d'avion bon marché... Mais là n'est pas mon propos ce soir. Je voulais vous raconter une belle rencontre, une de celles qui me font penser que je suis où je dois être, que Buenos Aires n'a pas fini de me surprendre et de m'émouvoir.
Mardi dernier, tandis que j'étais dans une file avec ma mère pour aller voir un spectacle de folklore au Centro Cultural Rojas, une mamie devant moi se retourna et m'adressa la parole, sous le prétexte que selon elle je n'étais pas assez couverte, que j'allais prendre froid etc etc, une petite vieille toute douce qui vraisemblablement manquait de compagnie et d'affection. Elle fit alors le récit de sa vie, de ses jeunes années en Patagonie, de ses parents qui moururent jeunes, et de son arrivée à Buenos Aires quand elle avait 20 ans, de sa vie passée à vendre des vêtements dans le quartier du Once, de son frère avocat et de sa soeur eux aussi décédés. Quand elle comprit que nous étions françaises, elle nous raconta qu'elle avait toujours rêvé de voyager et d'aller en Europe, mais que maintenant elle était trop vieille pour le faire. Elle conclut en me disant: "Que lindo debe ser de viajar, yo voy a morir sin haber visto el mundo" (Qu'est ce que cela doit-être beau de voyager ! Moi je vais mourir sans avoir vu le monde).
Et soudainement ces paroles résonnèrent en moi et je me suis souvenu avoir écouté la même histoire le jour de mon arrivée à Buenos Aires, lorsque, venant de l'aéroport, je m'étais installée avec mes 2 grosses valises et mes multiples sacs au bar Habana à l'angle de Corrientes et d'Uriburu, le samedi 7 février dernier, vers 17h. La même mamie, sa curiosité à mon égard à la vue de mes bagages, ses questions, ses yeux bleus, et cette même phrase qu'elle m'avait répétée plusieurs fois et de mon impuissance... Oui, elle mourirait sans avoir vu le monde.
Elle fut avec la première personne à qui j'ai adressé la parole le jour de mon arrivée à Buenos Aires et je la retrouvais dans cette file 3 mois plus tard ! Le temps d'arriver, de m'installer, de rencontrer, de connaître, de rire beaucoup, de verser quelques larmes aussi et de la croiser à nouveau sur mon chemin. Elle me reconnut à son tour, et sa surprise fut au moins aussi grande que la mienne. Elle était toute émue et toute contente que je me sois souvenue d'elle, car qui se souvient d'une petite vieille orpheline qui vendit toute sa vie des vêtements dans le Once ?
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Et soudainement ces paroles résonnèrent en moi et je me suis souvenu avoir écouté la même histoire le jour de mon arrivée à Buenos Aires, lorsque, venant de l'aéroport, je m'étais installée avec mes 2 grosses valises et mes multiples sacs au bar Habana à l'angle de Corrientes et d'Uriburu, le samedi 7 février dernier, vers 17h. La même mamie, sa curiosité à mon égard à la vue de mes bagages, ses questions, ses yeux bleus, et cette même phrase qu'elle m'avait répétée plusieurs fois et de mon impuissance... Oui, elle mourirait sans avoir vu le monde.
Elle fut avec la première personne à qui j'ai adressé la parole le jour de mon arrivée à Buenos Aires et je la retrouvais dans cette file 3 mois plus tard ! Le temps d'arriver, de m'installer, de rencontrer, de connaître, de rire beaucoup, de verser quelques larmes aussi et de la croiser à nouveau sur mon chemin. Elle me reconnut à son tour, et sa surprise fut au moins aussi grande que la mienne. Elle était toute émue et toute contente que je me sois souvenue d'elle, car qui se souvient d'une petite vieille orpheline qui vendit toute sa vie des vêtements dans le Once ?
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7 commentaires:
y sí.. l'anecdote valait bien un de tes articles..merci! besos
Tu vas finir par me faire pleurer sale ténèque !!!
Bises
Isa
Ben voilà, tu peux plus te prévaloir d'être française - si tant est que tu l'eusses déjà fait - car tu n'écris plus le français de Molière !!! "elle mourirait" !!! Fanny, enfin !
Du coup, je te prive de bisous.
Mais pas de besitos.
très joli texte..
Gracias pues!
Coincidencias, azar o destino, si acaso ello contribuye a que te sientas más en casa en nuestras calles, bien vale la pena seguir recoriendo Corrientes de noche y de día.
Una anécdota: le preguntaron a un santiagueño, que nunca había salido de su pueblo pero que por una vez había viajado a Nueva York, qué le había parecido la gran ciudad. "Casitas más, casitas menos, igualito a mi Santiago...", contestó.
Besos, MS
C'est une jolie annecdocte.....
bisous
Tres emouvant... ca me fait penser a ma grand mere qui m'a jamais pris l'avion et qui a toujours des yeux ebahis losque l'on raconte nos voyages.
J'espere que tu vas bien.
Bisous Carine B.
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